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MES DISCOURS

Ambroise Thomas eut cette sérénité et cette force assagie. Elles furent les bases inébranlables sur lesquelles il établit partout sa grande renommée de musicien sincère et probe. Et quand quelques-uns d’entre nous n’apportent pas dans leurs jugements toute la justice et toute l’admiration qui lui sont dues, portons vite nos regards au delà des frontières, et quand nous verrons dans quelle estime et dans quelle vénération on le tient en ces contrées lointaines, où son œuvre a pénétré glorieusement, portant dans ses pages vibrantes un peu du drapeau de France, nous rouverons là l’indication de notre devoir. N’étouffons pas la voix de ceux qui portent au loin la bonne chanson, celle de notre pays.

D’autres avant moi, et pluséloquemment, vous ont retracé la lumineuse carrière du Maître que nous pleurons. Ils vous ont dit quelle fut sa noblesse d’âme et quel aussi son haut caractère. S’il eut tous les honneurs, il n’en rechercha aucun. Comme la Fortune pour l’homme de la fable, ils vinrent tous le trouver sans qu’il y songeât, parce qu’il en était le plus digne.

C’est donc non seulement un grand compositeur qui vient de disparaître, c’est encore un grand exemple.