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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/338

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MES DISCOURS

plans grandioses, malgré les quinze années de lutte qu’il y consacra. D’autres recueilleront ce qu’il aura semé. L’idée d’ailleurs semble avoir perdu aujourd’hui de son intérêt, puisque les temps sont proches où nous verrons flotter au-dessus de nos têtes des bateaux aériens. À quoi bon dès lors les ports et les canaux !

L’Académie des Sciences vient d’être très éprouvée par la mort toute récente de Maurice Levy. Quand on lit, dans la notice nécrologique que lui a consacrée le président Émile Picard, l’étendue et la variété de ses travaux, on reste confondu. C’était une sorte de cerveau encyclopédique, d’un ressort et d’une lucidité incomparables, qui put s’attaquer à tous les sujets scientifiques et s’en rendre maître avec une merveilleuse dextérité.

Ce sont là d’ailleurs questions extrêmement délicates, sur lesquelles il est difficile et peut-être dangereux pour un musicien de disserter longuement. En toute humilité, il me faut déclarer n’être pas certain d’en avoir tout pénétré et peut-être, en insistant, m’aventurerais-je sur un clavier qui ne m’est pas familier. Or la crainte des fausses notes est le commencement de la sagesse. Quand on entend parler, à propos de Maurice Levy, des principes de la thermodynamique et de l’énergétique, de la géométrie infinitésimale, de la théorie mathématique de l’élasticité, de la mécanique analytique et de la mécanique céleste, toutes matières où il excellait, il est bien permis de frémir un peu.

L’Académie des Sciences a encore perdu trois membres associés et un membre libre : d’abord M. Agas-