Le frêle et charmant Albert Vandal ne devait pas non plus longtemps attendre pour rejoindre dans la mort le puissant et vigoureux Eugène-Melchior de Vogüé. Le chêne et le roseau furent emportés d’un même coup.
« L’histoire manquerait à son but, disait Albert Vandal, si elle ne cherchait dans le passé des avis et des leçons. » Un lien coordonne ses premières publications, leur apportant une unité qui double leur force.
Mais l’œuvre qui gardera surtout son nom de tout oubli, c’est assurément l’Avènement de Bonaparte, où il éclaire tant de coins demeurés obscurs des lueurs de la vérité, redresse tant d’erreurs accréditées, et lave son héros des souillures dont on le voulait salir. Il ne faut pas oublier qu’Albert Vandal appartenait à une famille napoléonienne d’idées et d’affection, et que son père avait une haute situation sous le second Empire. Il était lui-même resté fidèle à ces souvenirs, et on ne peut que l’en honorer davantage, puisqu’il s’était ainsi fermé volontairement toutes les carrures diplomatiques ou autres, où son esprit délié si fertile, si averti, aurait pu utilement briller au service de la France. Il ne lui restait qu’à se réfugier dans l’histoire, qui ne s’en plaignit pas.
Avec Émile Cheysson, l’Académie des Sciences morales et politiques a perdu surtout un grand homme de bien. Sans lui, au siège de Paris, nous serions certainement tous morts de faim. Meunier génial et gigantesque, il sut accumuler dans notre ville un bloc enfariné qui dit plus à nos estomacs affamés que celui de la fable, d’apparence si suspecte. Conquis par les