Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
336
MES DISCOURS

doctrines du célèbre économiste Le Play, une notion précise s’empare de son esprit : celle du devoir social. De là cette suite continue d’ouvrages se rapportant tous au même but poursuivi : la Guerre au taudis, la Mutualité, la Protection des enfants, etc., etc. La mort le surprit au milieu de cette lutte incessante contre la misère et le mal. Saluons bien bas sa mémoire.

M. Evellin fut, lui, docteur en philosophie, et il la professa en plusieurs lycées. Ses thèses de doctorat ne sont pas oubliées. Elles avaient pour sujet la critique de la théorie cosmologique de Boscovich (Quid de rebus corporeis vel incorporeis senserit Boscovich) et la critique du concept de l’infini. Je suis heureux, messieurs, que les circonstances me permettent de vous citer un peu de latin, mais soyez assuré que je n’en abuserai pas.

Les deux ouvrages principaux d’Evellin : Infini et Quantité, la Raison pure et les Antinomies, lui assurent pour l’avenir un rang distingué dans la lignée de Descartes et de Kant.

Il me faut ajouter encore ici le nom considérable de M. Gustave Moynier, né à Genève en 1826, associé étranger de l’Académie des Sciences morales en 1902.

Il fut un fervent et précieux appui dans toutes les causes où la charité, l’ordre, le droit réclamaient sa parole et l’autorité de son esprit si largement ouvert au bien.

J’en arrive à ma chère Académie des Beaux-Arts qui vient d’être frappée cruellement par deux morts récentes, sur lesquelles je n’appuierai pas autant qu’il