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MES DISCOURS
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le faudrait, me réservant d’y revenir avec plus de détails et de tendresse aussi, lors de la prochaine séance annuelle de notre Académie.

Charles Lenepveu fut pour nous le bon compagnon, l’ami sûr. Le sort ne lui donna pas toujours ce qu’il méritait et pourtant il prenait avec enjouement la vie telle qu’elle se présentait, se gardant de lui demander plus qu’elle ne pouvait donner.

En 1865, il était admis au concours de Rome et d’emblée en sortit vainqueur. Il prit part à un nouveau concours ouvert par l’État pour un ouvrage en trois actes destiné à l’Opéra-Comique. Il en fut encore le triomphateur avec cette partition du Florentin que, par suite des graves événements de 1870, il ne put voir au théâtre qu’en 1874. Enfin une Velléda, qui fut représentée à Londres, où il eut la bonne fortune d’avoir pour principal interprète Adelina Patti.

Au Conservatoire il fut un professeur admirable d’harmonie et de composition. Il laissera après lui d’autres maîtres formés à son école, laquelle, tout en suivant sans hâte la marche ascendante et un peu précipitée de l’art musical, resta celle de la conscience, de la probité, de la force tranquille et du clair bon sens.

La perte de Frémiet est une sorte de découronnement pour la sculpture française. C’était un très grand artiste, personnel et original. Michel-Ange a dit : « Celui qui s’habitue à suivre n’ira jamais devant. » Frémiet ne suivit pas.

Faut-il rappeler ici ses principaux ouvrages : la statue équestre de Louis d’Orléans, l’Homme à l’âge de pierre, le Saint Grégoire de Tours, l’Éléphant du