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MES SOUVENIRS
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retrouver dans les rues où un passant attardé, mais complaisant, m’aurait mis sur la voie de la Villa Médicis. Ce fut en vain.

Mes efforts, impuissants à découvrir ce chemin, m’exaspérèrent au point que je tombai anéanti sur une des marches de la croix. J’y pleurai comme un enfant. C’était bien excusable, et j’étais brisé de fatigue.

La lumière du jour arriva enfin. Sa lueur révélatrice me fit comprendre que, comme un écureuil dans sa cage, j’avais tourné autour de la piste, où je n’avais rencontré que des escaliers menant aux gradins supérieurs. Lorsque l’on songe aux quatre-vingts gradins qui pouvaient, au temps de la Rome impériale, contenir jusqu’à cent mille spectateurs, cette piste, en vérité, devait être pour moi sans issue. Mais l’aube naissante fut mon sauveur. Au bout de quelques pas, tout heureux, je reconnus, comme le Petit-Poucet perdu dans les bois, que je suivais la route qui devait me ramener sur le bon chemin.

Enfin, j’étais à la Villa Médicis ; j’y pris possession de la chambre qui m’était réservée. Ma fenêtre donnait sur l’avenue du Pincio ; mon horizon était Rome entière et se terminait par la silhouette du dôme de Saint-Pierre au Vatican. Le directeur, M. Schnetz, membre de l’Institut, m’avait accompagné jusqu’à mon logis.

M. Schnetz, de haute stature, s’enveloppait volontiers d’une vaste robe de chambre et se coiffait d’un bonnet grec agrémenté, comme la robe, de superbes glands d’or.

Il était le dernier représentant de cette race de