à l’église de l’Ara-Cœli, deux dames dont l’allure était celle d’étrangères élégantes. Mon regard fut délicieusement charmé par la physionomie de la plus jeune.
Quelques jours après cette rencontre, m’étant rendu chez Liszt, qui se préparait à l’ordination, je reconnus, parmi les personnes qui se trouvaient en visite chez l’illustre maître, les deux dames aperçues à l’Ara-Cœli.
Je sus, presque aussitôt après, que la plus jeune était venue à Rome, avec sa famille, en voyage de touristes et qu’elle avait été recommandée à Liszt pour qu’il lui indiquât un musicien capable de diriger ses études musicales qu’elle ne voulait pas interrompre loin de Paris.
Liszt me désigna aussitôt à elle.
J’étais pensionnaire de l’Académie de France pour y travailler, ne désirant par conséquent pas donner mon temps aux leçons. Cependant le charme de cette jeune fille fut vainqueur de ma résistance.
Vous l’avez deviné déjà, mes chers enfants, ce fut cette exquise jeune fille qui, deux ans plus tard, devait devenir mon épouse aimée, la compagne toujours attentive, souvent inquiète, de mes jours, témoin de mes défaillances comme de mes sursauts d’énergie, de mes tristesses comme de mes joies. C’est avec elle que j’ai gravi ces degrés longs déjà de la vie, qui, pour ne point être escarpés comme ceux qui mènent à l’Ara-Cœli, cet autel des cieux qui rappelle à Rome les célestes séjours toujours purs et sans nuages, m’ont conduit dans un chemin parfois difficile, et où les roses se cueillirent au milieu des épines ! N’en est-il pas toujours ainsi dans la vie ?