les dimanches à ces places, où l’on restait debout.
Chaque morceau fut vraiment très bien accueilli.
Le dernier se terminait lorsqu’un jeune homme, presque mon voisin, siffla à deux reprises. Chaque fois, cependant, la salle protesta, applaudissant d’autant plus chaleureusement. L’effet recherché par ce trouble-fête était donc manqué.
Je revins tout tremblant à la maison. Ma famille, qui était également au cirque Napoléon, vint m’y retrouver presque aussitôt.
Si les miens étaient heureux du succès, ils étaient encore plus contents d’avoir entendu cet ouvrage. On n’aurait plus songé à ce siffleur égaré si, le lendemain, en première page, dans le Figaro, Albert Wolf n’eût consacré un long article, aussi désobligeant que possible, à m’éreinter. Son esprit brillant et railleur l’avait rendu très amusant à lire pour le public. Mon camarade Théodore Dubois, jeune comme moi dans la carrière, eut l’admirable courage, tout en risquant de perdre sa situation, de répondre à Albert Wolf.
Il lui adressa une lettre digne, en tous points, du noble et grand cœur qui battait en lui.
Reyer, de son côté, me consola de l’article du Figaro par ce mot curieux et piquant : « Laissez-le dire. Les gens d’esprit, comme les imbéciles, sont susceptibles de se tromper ! »
Quant à Albert Wolf, je dois à la vérité de déclarer qu’il regretta tellement ce qu’il avait écrit, sans y attacher, d’ailleurs, d’autre importance que celle d’amuser ses lecteurs, et sans se douter qu’il pouvait du même coup tuer l’avenir d’un jeune musicien