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MES SOUVENIRS

que, par la suite, il devint mon plus fervent ami.

Trois concours avaient été institués par l’empereur Napoléon III. Je n’attendis pas le lendemain pour y prendre part.

Je concourus donc pour la cantate Prométhée, l’opéra-comique le Florentin, et l’opéra la Coupe du Roi de Thulé.

Le résultat ne me donna rien.

Saint-Saëns eut le prix avec Prométhée, Charles Lenepveu fut couronné avec le Florentin, ma place fut la troisième, et, avec la Coupe du Roi de Thulé, Diaz obtint la première place. Il fut joué à l’Opéra, dans des conditions merveilleuses d’interprétation.

Saint-Saëns connaissant mon concours, et sachant qu’il avait été en balance avec celui de Diaz, qui l’avait emporté, m’aborda très peu de temps après cette décision, et me dit : « Il y a de si bonnes et de si belles choses dans ta partition que je viens d’écrire à Weimar pour que ton ouvrage y soit représenté ! »

Les grands hommes seuls ont de ces mouvements-là !

Les événements, toutefois, en disposèrent autrement, et ces mille pages d’orchestre furent, pendant trente ans, une source où je puisai bien des passages pour mes ouvrages successifs.

J’étais battu, mais non abattu.

Ambroise Thomas, le constant et toujours si bon génie de ma vie, me présenta à Michel Carré, un de ses collaborateurs de Mignon et d’Hamlet.

Cet auteur, dont, sans cesse, les affiches proclamaient les succès, me confia un poème en trois actes, d’une superbe allure, intitulé Méduse.