Théophile Gautier qui trouvait, disait-on, que la musique est le plus coûteux de tous les bruits, avait trop connu et estimé d’autres merveilleux artistes pour dénigrer notre art. D’ailleurs, qui ne se souvient de ses articles de critique musicale que sa fille Judith Gautier, de l’Académie Goncourt, vient de réunir en volume, avec un soin pieux, et qui sont d’une rare et étonnante justesse d’appréciation !
Leconte de Lisle était un fervent de Wagner et Alphonse Daudet, dont j’aurai l’occasion de parler, avait l’âme musicale la plus tendre.
Malgré la neige, au mois de décembre, j’allai à la campagne m’enfermer quelques jours chez de bons parents de ma femme, et j’écrivis la musique des Érinnyes.
Duquesnel avait mis à ma disposition une quarantaine de musiciens ; dans cette circonstance, c’était une grande dépense et une grande faveur ! Au lieu d’écrire la partition pour l’orchestre habituel — cela aurait produit un ensemble mesquin — j’eus l’idée d’avoir un quatuor de 36 instruments à cordes, ce qui correspondait à un grand orchestre. J’y adjoignis trois trombones, l’image des trois Érinnyes : Tisiphone, Alecto et Mégère, et une paire de timbales. Mon chiffre de 40 était atteint.
Je remercie encore ce cher directeur de ce luxe instrumental inaccoutumé. Je lui ai dû les sympathies de beaucoup de musiciens.
Comme j’étais déjà occupé à un opéra-comique en trois actes qu’un jeune collaborateur d’Ennery avait obtenu pour moi du maître du théâtre, — que mon souvenir ému aille vers Chantepie, disparu trop