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Page:Massillon - Sermons et morceaux choisis, 1848.djvu/241

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jours dans les mêmes inutilités, vous exposer aux mêmes périls : ce sont des manières reçues, et vous n’êtes pas pour les réformer. Voilà la doctrine du monde.

Or, souffrez que je vous demande ici, qui vous rassure dans ces voies ? Quelle est la règle qui les justifie dans votre esprit, qui vous autorise, vous, à ce faste, qui ne convient ni au titre que vous avez reçu dans votre baptême, ni peut-être à ceux que vous tenez de vos ancêtres ? vous, à ces plaisirs publics, que vous ne croyez innocents que parce que votre âme trop familiarisée avec le crime n’en sent plus les dangereuses impressions ? vous, à ce jeu éternel, qui est devenu la plus importante occupation de votre vie ? vous, à vous dispenser de toutes les lois de l’Église ; à mener une vie molle, sensuelle, sans vertu, sans souffrance, sans aucun exercice pénible de religion ? vous, à solliciter le poids formidable des honneurs du Sanctuaire, qu’il suffit d’avoir désiré pour en être indigne devant Dieu ? vous, à vivre comme étranger au milieu de votre propre maison, à ne pas daigner vous informer des mœurs de ce peuple de domestiques qui dépend de vous, à ignorer par grandeur s’ils croient au Dieu que vous adorez, et s’ils remplissent les devoirs de la religion que vous professez ? Qui vous autorise à des maximes si peu chrétiennes ? Est-ce l’Évangile de Jésus-Christ ? Est-ce la doctrine des saints ? Sont-ce les lois de l’Église ? Car il faut une règle pour être en sûreté : quelle est la vôtre ? L’usage ; voilà tout ce que vous avez à nous opposer ; on ne voit personne autour de soi qui ne se conduise sur les mêmes règles ; entrant dans le monde, ou y a trouvé ces mœurs établies ; nos pères avaient ainsi vécu, et c’est d’eux que nous les tenons ; les plus sensés du siècle s’y conforment ; on n’est pas plus sage tout seul que tous les hommes ensemble ; il faut s’en tenir à ce qui s’est toujours pratiqué, et ne vouloir pas être tout seul de son côté.

Voilà ce qui vous rassure contre toutes les terreurs de la religion ; personne ne remonte jusqu’à la loi ; l’exemple public est le seul garant de nos mœurs ; on ne fait pas attention que