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L’AMOUR À SAINTE-HÉLÈNE

la comtesse ; ils avaient avec eux leur fils, âgé de quinze ans ; Bernard, qui s’enivrait et cherchait alors querelle à ses compagnons, fut congédié par le général et renvoyé en Europe ; il fut remplacé, au milieu de 1819, par un nommé Étienne Bouges, fils d’un petit fermier de la famille, qui s’était offert pour rejoindre son maître, qui se montra dévoué et intelligent et dont les Souvenirs présentent quelque intérêt. La femme de Bernard fut remplacée par la femme d’un soldat de la garnison ; mais, pour ses enfants, Mme Bertrand demanda à Lady Jerningham, sa tante, de lui choisir une gouvernante dont elle obtiendrait l’admission à Sainte-Hélène. Lady Jerningham lui envoya une jeune fille, Betzy Hall, dont la joliesse fit grande impression sur les reclus de Longwood, — une telle impression que Saint-Denis l’épousa. Aussi bien, toute fille eût trouvé mari parmi ces célibataires énamourés, et Joséphine Schouter, la femme de chambre de Mme de Montholon, épousa Noverraz, un peu malgré l’Empereur, qui « ne trouvait pas ce mariage dans les intérêts d’un homme à qui il voulait du bien ». Dans ce climat, sous cette latitude, une sorte de folie d’amour emportait les êtres : bonne d’enfant, femme de chambre, fille de cuisine, métisse ou négresse, il n’importe, c’était une femme, et il se livrait des batailles autour de l’évier pour ces Hélènes graillonneuses.

Voilà, au complet, l’entourage : autant les personnages du premier plan sont divers d’origine,