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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

leur conduite, l’opportunité pouvait leur en sembler démontrée. Les aides de camp de Blücher ne s’étaient point trompés sur les intentions des Alliés ; le même jour 26, où ils avaient eu cette conversation, de Manheim, Metternich et Nesselrode, écrivant au duc de Wellington, lui notifiaient ceci : « Les trois souverains regardent comme condition préalable et essentielle de toute paix et d’un véritable état de repos que Napoléon Bonaparte soit mis hors d’état de troubler dorénavant la tranquillité de la France et de l’Europe. Après ce qui s’est passé en mars dernier, les puissances doivent exiger qu’il soit confié à leur garde. »

Qu’en feraient-ils ? Ils ne savaient trop et ils hésitaient ; le livrer au roi de France qui, sur la simple constatation de son identité, le ferait fusiller, disait lord Liverpool ; le pendre, disait Blücher. Fi ! répondait Lord Wellington ; convient-il à des hommes comme nous, qui avons joué un rôle si éminent dans ces affaires, de devenir des bourreaux ? « Si les souverains, ajoutait-il, veulent le mettre à mort, qu’ils cherchent un bourreau, ce ne sera pas moi. »

L’opinion de Wellington et sa résolution lui faisaient honneur, mais son avis prévaudrait-il ? Les commissaires nommés par Fouché pour traiter de l’armistice ne paraissaient point s’en inquiéter. Le 29, lorsqu’ils rencontrèrent Wellington à Étrées-Saint-Denis, ils lui dirent qu’ils avaient toute raison de croire que Napoléon avait quitté Paris et, au