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LA VIE À LONGWOOD

chiffre, c’est probable : son sèvres lui semblait inestimable ; c’était le débris de sa grandeur qui lui paraissait le plus caractéristique, et, à le montrer ainsi aux Anglais, il lui semblait qu’il leur apprenait son histoire, en même temps que le progrès des arts sous son règne.

On ne saurait prétendre que les officiers anglais invités s’amusassent à ces repas, où les Français, par respect, attendaient que l’Empereur leur parlât, où l’on mangeait en grande hâte, où l’on ne restait point à table pour « boire le vin », où, enfin, les habitudes étaient toutes continentales, mais ils étaient flattés et quelque peu éblouis, et c’était là sans doute ce que cherchait l’Empereur. De même, dans ses promenades à cheval, il pénétrait dans tout enclos qu’il trouvait sur sa route, mettait pied à terre, causait avec les habitants, distribuait quelques napoléons, se rendait populaire ; cela n’allait pas loin : toutefois, dans ces premiers temps, il eut trouvé facilement des commissionnaires pour passer des lettres ou des paquets en Europe.

Pour le moment, sa pensée ne s’y portait point, elle était occupée par son travail que, d’après sa méthode, il mettait au point par des dictées réitérées jusqu’à ce qu’il eût trouvé cette forme précise, dépouillée et formelle qui seule lui paraissait propre à l’histoire. Il a achevé presque la première période, mais il donne à certaines parties bien plus d’importance qu’à d’autres. L’Égypte, en particulier, l’entraîne. Comme il revient toujours à son