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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

tants allait entraîner la suppression de toute relation avec eux, les restrictions aux pauvres libertés dont l’Empereur jouissait, le resserrement des limites où il pouvait évoluer sans son gardien, de façon qu’il n’eût plus pour promenade qu’un désert. Les chimères ne procuraient même plus un instant d’espérance ; on s’enlisait dans la monotonie des jours ; si l’on avait cru trouver des distractions à la venue des commissaires, ç’avaient été des déceptions nouvelles. L’Empereur n’avait-il point imaginé que les commissaires seraient porteurs de lettres de leurs souverains les accréditant en quelque sorte près de lui ; qu’une fois introduits, — ce qui lui semblait fort simple, puisqu’ils n’auraient, selon le règlement institué par l’amiral Cockburn, qu’à demander leur audience par le Grand maréchal, — ils formeraient le corps diplomatique accrédité à Longwood ? Il avait pris ses renseignements ; il savait comme étaient le Russe et l’Autrichien, et quelles ressources il tirerait d’eux. Le Français, sans doute, était grotesque et rébarbatif. S’il représentait au naturel l’émigré intransigeant, l’Empereur n’avait-il pas maté et séduit des personnes bien autrement hostiles ? — au moins l’avait-il cru. Il pensait se souvenir de l’avoir vu à Valence, au temps où lui était lieutenant et l’autre colonel ; cela ferait un lien. Et puis, si M. le marquis de Montchenu ne voulait point venir à Longwood, libre à lui, on se dédommagerait avec le Russe et