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LE JARDINIER AUTRICHIEN

être odieuse et put commander des actes odieux ?

Le baron Stürmer, commissaire autrichien, avait reçu de sa cour l’ordre d’introduire à Sainte-Hélène et d’y protéger un jardinier de Schœnbrünn, nommé Philipp Welle, chargé par l’empereur d’Autriche lui-même de recueillir tout ce que cette île pourrait offrir d’intéressant pour l’histoire naturelle et en particulier pour la botanique. Cet homme s’arrangea pour rencontrer, à Jamestown, Marchand, le valet de chambre de l’Empereur, le fils de la berceuse qui avait accompagné à Vienne le Roi de Rome. De la part de cette Mme Marchand, il remit à son fils un morceau de papier plié sur lequel était écrit : « Je t’envoie de mes cheveux. Si tu as le moyen de te faire peindre, envoie-moi ton portrait. Ta mère : Marchand. » Dans le papier, une boucle de cheveux « blanchâtres, blonds de filasse ». Marchand ne s’y trompa pas : c’étaient des cheveux du Roi de Rome. L’empereur d’Autriche a interdit qu’on donnât au père des nouvelles de son fils et n’a même pas chargé son commissaire à Sainte-Hélène de certifier que cet enfant n’est pas mort ; Marie-Louise n’a point admis que Napoléon y prit plus d’intérêt qu’elle-même, et n’a pas même songé qu’elle pût en donner des nouvelles. Le grand-père et la mère n’ont eu garde ; leurs Alliés pourraient les en reprendre. Ce qu’ils ne font pas, une vieille femme française, domestique, bonne, rien de plus, le veut faire et y parvient. Elle attendrit Boze, l’inspecteur des jardins de Schœnbrünn ;