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LE DOCTEUR O’MEARA

naux et des brochures ; il restait à sa place, montrait une discrétion qui plaisait et, dans l’exercice de son art, indiquait, sans l’imposer, le traitement qu’il estimait utile. Pour Napoléon, dont la santé n’avait eu besoin qu’en des cas fort rares et tout à fait accidentels, d’un révulsif, et qui, de là, tirait une incrédulité affichée et quelque peu méprisante pour la médecine, il s’était rendu supportable et l’on ne pouvait qu’en être surpris. Que son assiduité tint à ce qu’il enregistrait avec soin tout ce que l’Empereur disait devant lui, d’abord pour en faire son rapport, ensuite pour en composer un journal dont il tirerait parti, nul ne le savait à Longwood, et Napoléon constatait seulement que le chirurgien était toujours là, pour lui donner ses soins et s’efforcer de le soulager. Les souffrances qu’il éprouvait provenaient vraisemblablement du développement d’une affection au foie, peut-être héréditaire, car Madame était venue de Corse pour prendre les eaux à Bourbonne, et, à diverses reprises, elle fit des saisons à Vichy. Le climat avait contribué à l’empirer, comme eût fait tout climat tropical ; l’Empereur était matériellement dans l’impossibilité de suivre le seul traitement qui eût pu l’enrayer, celui des eaux minérales ; toutes les conditions matérielles de l’existence portaient à l’aggraver, et, devant la méconnaissance absolue des lois d’hygiène les plus sévèrement imposées aujourd’hui, on s’étonne que quelqu’un des habitants de Longwood ait résisté à la captivité.