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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

En l’absence de tout autre praticien qui eût été appelé à en connaître, le diagnostic de la maladie de l’empereur ne relevait que d’O’Meara, ne dépendait que de lui, et nul que lui n’attestait sa réalité et sa gravité. Cette maladie était gênante pour Lowe et contrariait ses mesures, O’Meara lui devenait par là même de plus en plus antipathique, la guerre s’accentuait et le médecin mettait comme une taquinerie à embrunir les nouvelles. D’ailleurs, cela servait l’Empereur, qui, ne fût-il point malade — et il l’était — avait tout intérêt à passer pour être atteint d’une maladie causée par le climat et qu’atténuerait, s’il ne la guérissait pas, un changement de prison. Un jour ou l’autre, l’opinion serait saisie, les bulletins d’O’Meara feraient foi et il faudrait bien que, devant le fait, on s’inclinât.

Las Cases, s’il en avait eu le dessein, n’eut point l’honneur d’être le premier à porter en Europe ces plaintes retentissantes. Elles éclatèrent avant qu’il eût quitté le Cap de Bonne-Espérance et elles reçurent alors toute la publicité dont elles étaient susceptibles, étant donné le temps où elles se produisaient et l’assemblée qui dut en juger. Pour rendre moins coûteux l’établissement de Longwood, Lord Bathurst, on l’a vu, avait ordonné qu’on en distrayât quatre personnes : ce capitaine Piontkowski que nul n’avait regretté, Santini dont les fonctions étaient peu définies, Rousseau l’argentier, moins utile depuis qu’une partie de l’argenterie était vendue, et Archambault jeune, sous-piqueur.