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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

appelé de nouveau, il enfreint des ordres que Lowe vient de donner et qui ne pouvaient, matériellement, être exécutés ; il voit l’Empereur sans que Verling soit présent ; fait une saignée, passe la nuit. Le 21, malgré qu’il sente sa position en jeu, il obéit à l’amiral, qui lui enjoint de se rendre à Longwood : il y est retenu par l’Empereur une heure et demie de plus que l’amiral ne l’a permis, et, devant les menaces dont il est l’objet, il se décide, demande à rentrer en Angleterre pour raison de santé. Il l’obtient ; arrivé à Londres, il est renvoyé immédiatement à Sainte-Hélène ; il y est traduit devant un conseil de guerre assemblé sur le Conqueror, et est condamné à être rayé des cadres de la Marine pour avoir trouvé et avoir écrit que l’Empereur était malade, et malade d’une hépatite, « pour s’être montré, dans l’ensemble de ses actes, disposé à contrecarrer les intentions et les prescriptions du gouverneur et de l’amiral, et à favoriser les vues des prisonniers français en leur fournissant de sérieux prétextes de plaintes ».

Donc, le général Gourgaud en ayant ainsi décidé, nul médecin, sous peine de destitution, n’a le droit de dire que l’Empereur soit malade. À cette date de janvier 1819, il y aurait peut-être quelque chose encore à tenter pour le soulager, mais du 21 janvier jusqu’au 21 septembre, pendant huit mois, l’Empereur ne verra aucun médecin. Pour obtenir une sorte d’atténuation à des douleurs qui deviennent insupportables et qu’il continue à