Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/427

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
409
LES BERTRAND PARTIRONT-ILS ?

vier 1817, mais ensuite, en moins de dix-neuf mois, elle avait eu trois accidents, et à chaque fois elle avait manqué mourir. Elle en demeurait affaiblie aux sources mêmes de la vie. Elle avait peine à se lever, à s’habiller ; très rarement elle sortait, restait presque toute la journée au lit, et cette petite, minuscule maison était emplie du bruit que faisaient ses enfants dont elle était folle, et qui s’élevaient comme ils voulaient. Au moins étaient-ils naturels, intelligents et très vifs. Ils ne craignaient rien et passaient partout ; à présent, ils étaient quatre, terribles : Napoléon, Henri, Hortense et Arthur, qui, pour être le plus petit, pour ne baragouiner qu’anglais, n’était pas le moins hardi.

Il y avait à leur égard, de la part de l’Empereur, un sentiment de fond et, si l’on peut dire, un sentiment de reflet : le sentiment de fond : une tendresse pour les enfants qu’on constate chez lui depuis le moment où l’on a des indications sérieuses sur son caractère ; une sorte de tendresse un peu bourrue, brutale parfois, allant de préférence aux enfants stoïques, durs à eux-mêmes, agiles et vivaces ; le sentiment de reflet : le rappel, la représentation de son fils. Il a une sorte de pudeur à parler de son fils ; il parle de son passé — c’est-à-dire de sa naissance ; il parle de son avenir — des chances qu’il a de régner ; très rarement, presque jamais, de sa situation présente. Son esprit s’en détourne comme d’une épreuve trop pénible. Il ne parle point de lui en niaiserie ;