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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

en plus calme et froid au dehors, il cache sous ce silence une des plus nobles âmes qu’on puisse rencontrer ; et comment ne pas plaindre « poor Mme  Bertrand ! » comme dit Lady Jerningham ?

Ailleurs, on en prend plus à son aise. Lorsque, à la fin de 1820, Bertrand fait avec l’Empereur cette sorte de convention, il y a près d’un an et demi que Mme  de Montholon a quitté Sainte-Hélène. Vers le début de l’année 1819, elle a annoncé qu’elle était atteinte d’une maladie de foie fort grave, et qu’elle devait aller prendre les eaux en Europe. Il s’agit, disait-elle, de vie ou de mort ; sans doute, vécut-elle trente ans encore, mais les médecins se trompent à moins. Elle avait d’ailleurs bien des affaires à régler en France ; le partage de la succession de sa mère. Mme  Vassal, et surtout la liquidation des dettes de son mari. Enfin, elle avait laissé derrière elle deux enfants : Edouard, qu’elle avait eu de son mariage avec M. Roger, et Charles qu’elle avait trouvé trop petit pour l’emmener ; elle allait les rejoindre avec les autres : Tristan, né en 1812 ; Napoléone, née à Sainte-Hélène le 18 juin 1816, et Joséphine, née le 26 janvier 1818. Tous ces motifs sont plausibles ; mais Mme  de Montholon est-elle donc si maternelle ou si malade ? Quelles raisons si pressantes à ce départ qui annonce à l’Empereur celui de Montholon et l’en menace directement ? Montholon est-il si inquiet de la santé d’une femme que, dans ses lettres, il paraît adorer ? Se préoccupe-t-il des consultations