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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

tout a été fait en secret, dans une seule semaine — à midi, on ferme soigneusement la porte par où seulement la pièce était éclairée, on allume les bougies des candélabres ; et l’on pose des lampes à globe sur des consoles des deux côtés de l’autel. Au-devant, se tient l’abbé Buonavita, revêtu de ses plus beaux ornements, assisté de l’abbé Vignali et du jeune Bertrand qui fait l’enfant de chœur. Derrière le fauteuil impérial, la petite colonie s’est groupée dans l’ordre hiérarchique. L’Empereur entre suivi du Grand maréchal et de M. de Montholon et vient se placer devant son prie-Dieu. L’abbé Buonavita le salue comme le saluait le Grand aumônier dans les chapelles impériales et commence la messe. Ce jour-là, à Sainte-Hélène, il, y eut des cœurs en joie et, de cette petite chapelle où se sont ingéniés, en leur simplicité, des braves gens, se dégage une effusion tendre vers la Patrie comme vers le Culte qu’ont pratiqué les ancêtres. Et l’Empereur n’est point le dernier à l’éprouver ; il veut participer à l’ornementation de la chapelle, il donne des dentelles pour garnir les nappes et les aubes, et fait présent à l’abbé d’aubes en batiste. Tous les dimanches, il est fidèle à ce cérémonial ; lorsque sa santé décline, il entend la messe de son lit, la porte de sa chambre étant entr’ouverte ; il n’y manque point jusqu’à son dernier jour.

L’exercice qu’il avait pris et l’occupation que lui avait donnée le terrassement des jardins l’avaient entretenu, jusque vers le mois de juillet 1820, dans