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NAPOLÉON ET LÀ RELIGION CATHOLIQUE

un état physique qui pouvait faire illusion. L’air lui avait fait assez de bien pour qu’il pût même tenter des promenades à cheval, et Lowe, pour lui faciliter les moyens de reprendre ainsi quelque activité, avait de lui-même étendu les limites où l’Empereur pouvait aller sans être accompagné. Il s’imaginait que, de la sorte, sa santé s’améliorerait tout à fait et il pouvait s’entretenir dans cette croyance qu’avait répandue Gourgaud, puisque telle était l’opinion d’Antommarchi, lequel n’avait pu manquer de la professer à Jamestown et peut-être à Plantation. Sans doute. Napoléon avait paru fatigué la première fois qu’il était sorti, mais n’avait-il pas perdu l’habitude de tout exercice, de l’équitation en particulier, et ne fallait-il pas qu’il s y remît ?

En réalité, aucun de ceux qui entouraient l’Empereur ne montrait d’inquiétude sérieuse au sujet de sa santé : le Grand maréchal, quelle que fût sa faiblesse pour sa femme, n’eût point envisagé une absence qui, à la vérité, ne devait être que de neuf mois — mais sait-on jamais ? — s’il avait eu des craintes. Montholon même n’eût point appuyé avec cette cruauté sur son départ, s’il eût pensé que la maladie de l’Empereur eût un caractère alarmant.

En l’absence de tout témoignage valable, il faut se tenir à des indices. Durant les premières années du séjour, l’affection que l’Empereur a ressentie du côté du foie a été relativement bénigne et elle