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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

le médecin ; il était allé à la ville pour conduire Buonavita. Quand le médecin rentra, l’accès était passé. La nuit fut assez bonne, et, au matin, l’Empereur voulut sortir ; il prit un verre de malaga et un biscuit, se fit conduire à son banc, mais là rendit ce qu’il avait avalé et une crise nouvelle se déclara ; ses traits étaient décomposés, ses membres froids. Désormais, tel sera presque quotidiennement le bulletin. Comme pour aggraver les souffrances par l’agacement de leur susurrement continuel et par la cuisson de leurs piqûres, les cousins ont envahi Longwood. Il faut porter le flambeau couvert dans la chambre voisine, battre la cousinière où, à chaque instant, des moustiques parviennent à rentrer ; c’est un nouveau supplice ajouté à tant d’autres.

Antommarchi, presque à chaque fois qu’on a besoin de lui, est absent ; peut-être est-ce préférable ; ses prescriptions sont de nature à amener les plus grands désordres. On ne saurait dire sur quelles indications il ordonne l’émétique. L’Empereur y montre la plus grande répugnance, mais, à la fin, le 22, vaincu par l’insistance de tous ses entours, il le prend en deux doses ; les efforts qu’il fait l’épuisent sans aucun résultat ; chassé de son lit par l’alternative de manquer d’air sous la cousinière ou d’être piqué par les cousins, il passe la nuit dans son fauteuil, sans lumière, le flambeau couvert placé dans la chambre voisine. Il y a, le 23, une sorte de répit dont il profite pour faire sa barbe