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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Laffîtte suffiront-ils à payer six millions huit cent dix mille francs ? Il en doute si fort qu’il allège son débit de deux cent vingt-cinq mille francs d’une part et d’une pension de vingt mille francs de l’autre. Ainsi mélange-t-il de la façon la plus curieuse, à la puissance imaginative, un réalisme qui ne néglige aucun détail, qui calcule tout et s’applique à tout, prévoit jusqu’aux frais qu’exigera l’administration d’une telle succession et règle comme on y pourvoira. Il y a mieux : il y a les instructions pour les exécuteurs testamentaires, entièrement dictées ce matin-là à Marchand, et où la netteté des chiffres, la précision des allégations, l’étonnant effort de la mémoire, la prodigieuse énumération, en trente-sept articles, de faits sans relation des uns des autres, avec, pour chacun, une décision, un ordre, une indication qui suffît à la direction de tous les êtres qu’il nomme, à la solution de toutes les affaires qu’il prétend qu’on engage.

Et ce n’est pas tout : ayant dicté ces instructions, qu’il signera seulement le 26 quand Marchand les aura remises au net, il veut encore fermer lui-même les trois boîtes contenant ses tabatières ; il les entortille de faveur verte, les scelle de ses armes et en remet les clefs à Marchand, qu’il en établit dépositaire, et ce travail est interrompu à chaque instant par des vomissements. Se sentant extrêmement fatigué, mais « voulant en finir », il a exigé qu’on lui donnât un verre de vin de Cons-