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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

le visage, l’affaissement des chairs lui donnait un air de vieillesse et lui enlevait de sa beauté.

Tout le monde s’était retiré, hormis l’abbé Vignali, qui ne quitta plus le corps jusqu’à ce qu’il fût mis en terre, Pierron et Arnott ; les autres avaient été chercher un peu de repos. On les éveille : Hudson Lowe fait annoncer sa visite pour six heures du matin. Il arrive à sept, accompagné de son état-major au complet, de l’amiral, du général commandant les troupes, du commissaire du roi de France, de plusieurs officiers de marine, des médecins et des chirurgiens de l’île. Il entre dans le parloir d’où il est, avec les gens qu’il a amenés, introduit dans le salon mortuaire. Bertrand et Montholon le saluent et l’invitent du geste à s’approcher du lit ; il s’avance, ainsi que le marquis de Montchenu, auquel il dit, lui montrant l’Empereur : « Le reconnaissez-vous ? » Le commissaire de France hoche d’abord la tête, puis il dit : « Oui, je le reconnais. » Ils saluent avant de sortir. « C’était le plus grand ennemi de l’Angleterre et le mien aussi, dit Lowe à ses subordonnés Henry et Gorrequer, mais je lui pardonne tout ! » Cela montre l’homme.

Il n’a point osé pourtant, devant l’Empereur mort, évoquer Bathurst. Pour la première fois, il s’est refusé, selon ses ordres, à l’appeler le Général. Il sent que c’est fini de telles mesquineries grotesques, et l’Histoire commence par qui chacun sera remis en sa place : la victime et les bourreaux. Ainsi, là même et par la mort, Napoléon a remporté