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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

cette lettre, Gourgaud eut mission de la porter, de la remettre en mains propres ; puis de demander des passeports pour l’Amérique ; à défaut, un asile en Angleterre. L’Empereur prendrait le nom de colonel Muiron, habiterait une maison de campagne à dix ou douze lieues de Londres, assez spacieuse pour y loger tout son monde. « Si le Ministère avait envie de mettre un commissaire anglais auprès de moi, ajouta Napoléon, il veillera à ce que cela n’ait aucun air de servitude. »

Las Cases retourna avec Gourgaud sur le Bellerophon. Il devait demander que Gourgaud fût envoyé directement en Angleterre : lui-même, avec Maitland, devait diriger les préparatifs pour la réception de l’Empereur à bord. Gourgaud fut en effet expédié sur le Slaney qui avait rejoint la croisière. Las Cases passa la nuit sur le Bellerophon et, témoin des inquiétudes marquées par Maitland que l’Empereur lui échappât, il conçut une notion moins favorable de l’hospitalité qui lui était réservée.

Durant la nuit, sur la goélette Sophie et sur le brick l’Épervier, on chargea les bagages de l’Empereur, y compris sa calèche et deux chevaux, et on embarqua la plus grande partie de sa suite.

Le 15 juillet, au point du jour, l’Empereur qui avait repris la tenue militaire abandonnée depuis Malmaison, monta sur l’Épervier. Il y fut reçu par la garde assemblée. À six heures, au moment, où le Superb, battant pavillon de l’amiral Sir Henry