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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

de Napoléon ; et celui-ci, pour échapper à la misère, à un enlèvement, à des risques d’assassinat constamment renouvelés, pour recouvrer sa femme et son enfant, pour assurer la subsistance de ses parents et de ses serviteurs, n’avait eu d’autre issue que de rentrer en possession des États qu’il avait abdiqués par ce traité. Lui avait satisfait à toutes les clauses ; à son égard, aucune n’avait été exécutée, aucune ne subsistait. En droit, sa situation était inattaquable. Tout contrat est résilié dont l’une des parties refuse de remplir les clauses onéreuses tout en conservant les bénéfices. Mais Napoléon était hors du droit, et on le lui prouva en le « plaçant hors des relations politiques et sociales » et en déclarant « que, comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s’était livré à la vindicte publique ».

Qu’avait-il affaire à l’Europe ? Les puissances avaient participé au traité de Fontainebleau ; c’était avec elles que ce traité avait été conclu et signé ; elles en avaient délégué l’exécution au Gouvernement provisoire, puis au roi de France, lesquels, l’un après l’autre, en avaient explicitement et formellement reconnu et accepté les charges. Les puissances garantes eussent donc dû contraindre le roi de France à tenir ses engagements. Point du tout ; c’était Napoléon qui était livré à la vindicte publique pour avoir repris ce qui lui appartenait. C’est que, pour les souverains d’Europe, les Bourbons étaient récemment devenus la pierre d’angle