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LÀ COMÉDIE EST JOUÉE

bats ou la fortune de la mer avaient mis entre ses mains, ne devait point manquer d’imaginer des contraintes particulièrement offensantes pour celui que l’astuce de ses officiers avait attiré sous le pavillon britannique. Néanmoins, ceux qui suivront l’Empereur sont dûment avertis. Avec ou sans droit, les détenteurs de la force imposent leur loi, mais ils doivent la publier. Les Anglais n’y manquent pas : ils affichent le règlement de la prison ; libre aux captifs de l’enfreindre à leurs dépens.

Jusqu’à ce que l’Empereur ait quitté le Bellerophon, comme par un restant de pudeur, on continue à lui rendre des devoirs comme à un hôte, soit que Maitland prétende ainsi esquiver sa félonie ou que ce soit une comédie qu’on en donne. Pour la dernière fois, au moment où l’Empereur se dispose à partir, il reçoit les honneurs, la garde sous les armes et le tambour roulant trois fois. Les officiers ont le chapeau à la main, l’équipage est assemblé tout entier dans la « Grand’rue » et sur le gaillard d’avant. Plus assuré et plus serein que ceux qui le livrent, Napoléon parcourt les rangs, salue les officiers et les matelots, puis, dans le canot où il descend, il s’entretient avec Lord Keith, sans donner aucun signe d’émotion ni de contrainte.

Sur le Northumberland, où il monte à deux heures, la garde aussi est assemblée, les officiers