Page:Matthieu - Aman, 1589.djvu/11

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Dans les cachots obscurs de l’infernal sejour,
J’abbatray de leur chef au dessus de la nuque (45)
Les crespillons frisez de leur blonde perruque,
Et puis j’affubleray d’un cendreux attiffet
Leur chef humilié, mais non ja satisfaict
De ce premier essay je ferai qu’à la veuê
De tous et par tous se verra la chair nue (50)
De leurs corps *auensuez de ce beau vestement,
De cét émail Indois, de ce riche ornement,
Qui souloit esblouir ces ames petillantes
Par le lustre esclatant de leurs couleurs brillantes,
Et ne leur restera de ton plorable sac (55)
Pour tout accoustrement que la haire et le sac.
Car toy, Cité putain, tu seras saccagee
Par les forcés efforts d’une gent enragee,
J’armeray contre toy la barbare fierté
Et le fouldre guerrier d’un peuple despité.
Ils *denuront sur toy, sur tes beautez plus belles (60)
Leurs flambans coutelas et leurs armes cruelles,
Tu verras par leurs fers de ton sang trop goulus
Du chef jusques aux pieds tous tes hommes pollus.
Toy fournaise affamee, harpie insatiable,
Qui brusles d’avarice, ô source inespuisable (65)
D’injustice et de dol, tu regorgeras hors
De ton ventre glouton les brigandes thresors.
Dieu dans sa juste maintient les rouges tenailles
Qui les arracheront de tes jaunes entrailles.
Tes yeux onc ne verront les ruisseaux aux flots blons (70)
Et de beurre et de miel, ni les dorez sablons
Qui roulent sous l’honneur de ces ondes succrees,
Ondes qui sont trop plus d’or peintes qu’azurees,
De tes iniquitez la profondeur sera