Page:Matthieu - Aman, 1589.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Par le ciel revelee, et lors s’eslevera (75)
A l’encontre de toy, la terre ta partie
Terre engoulphre-pecheurs, sans foy, sans amitié,
Vous enfans de rochers, qui n’avez rien d’humain,
Qui prodiguez cruels ainsi le sang germain,
Qui portez en vos mains ces vaisseaux homicides (80)
Martellez et fondus aux lacs Acherontides,
Qui de chair et de sang gloutement affamez,
Vaisseaux d’ire et de mort, qui de soulfre enflamez
Vont traistres vomissans des sagettes ardantes
Hommes non plus humains, ains bestes ravissantes, (85)
Quand le frere non frere abaye apres le sang
De son frere, et luy serre un estoc dans le flanc,
Et comme on prend au piege une beste sauvage
L’enserre en ses filets, l’estrangle et le saccage :
Mais oyez malheureux que le ciel dit de vous, (90)
Ils seront faits en proye aux oyseaux et aux Loups,
Oyseaux glouts qui vivez de proye et de rapine.
Escoutez dit le ciel la sentence divine,
Venez à ce spectacle, et de front et de flanc
Saoulez vous affamez et de chair et de sang, (95)
Accourez y goulus à ce festin barbare,
Festin qu’abondamment mon courroux vous prepare.
Ainsi nous menaçoit l’Eternel par la voix
De ses Prophetes saincts, les heraux de ses loix.
Las ! ils perdoyent leur temps et leur saincte parole (100)
S’escartoit parmy l’air à la mercy d’Eole.
O siecle corrompu ! où on voit peu à peu
De la saincte vertu diminuerr le feu !
O Syon, de ton chef la superbe couronne,
Tu verras enlever par la dextre felonne, (105)
Du ministre vengeur qui a du souverain
Pour te priver de chefs reçeu le glaive en main.