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Dans une nuit funeste, en angoisses féconde ;
J’irais pieusement me jeter à genoux
Sur la roche où jadis il expira pour nous.
Si tu voulais choisir parmi ces joyeux anges
Qui dans les saints parvis célèbrent tes louanges,
Tu m’en enverrais un qui, sur l’aile du vent,
Pourrait guider bientôt mon vol vers le levant,
Toi qui ravis Élie au-dessus des nuages,
Et le fis déposer sur d’inconnus rivages ;
Comme lui, qu’à ta voix, Maître de l’univers,
L’un de tes chérubins m’enlève dans les airs.

À genoux prosterné j’allais parler encore,
Quand soudain l’horizon s’éclaircit vers l’aurore ;
Sur un léger nuage un ange resplendit,
Et dans un char brillant lentement descendit.
Les rayons ruisselaient de sa tête immortelle ;
je n’osais contempler l’albâtre de son aile ;
Légèrement il vint s’abattre près de moi ;
Je tremblais. Pour calmer aussitôt mon émoi :
« Que la crainte, dit-il, ne trouble point ton âme ;
» D’admirer l’orient un saint désir t’enflamme,
» Tu le verras. » Il dit ; sur le char, avec lui,
Il m’enlève, et nos champs à mes regards ont fui.

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Le soleil, fatigué de luire sur le monde,
S’abaisse lentement sous la vague profonde.
À mes yeux apparaît une antique cité,
Où jadis habita l’aimable liberté ;
C’est la mère des arts, c’est la célèbre Athènes.
J’aperçois la tribune où tonnait Démosthènes
Quand au peuple il peignait la noirceur des tyrans ;
Elle a su résister à l’outrage des ans ;
Elle est là, sous la mousse et la ronce sauvage.
C’est ici que trônait un fier aréopage ;
De Saint-Paul c’est ici que l’éloquente voix,
Au milieu des païens retentit autrefois,
Quand à l’aspect des dieux que créa Praxitèle,