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Et leur fidèle sœur, l’Espérance céleste,
Lui feront adorer une loi qu’il déteste.

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Il est en orient un homme généreux,
Littérateur instruit, honnête, ingénieux :
C’est Kémal-Effendi. L’aimable poésie
Épanche autour de lui ses parfums d’ambroisie ;
Les échos du Bosphore ont entendu sa voix ;
Il a chanté les prés, les ruisseaux et les bois
Sur un rythme sonore où la grâce respire.
Il voudrait réformer l’oriental empire ;
D’un peuple qui gémit il a sondé le mal,
Et, prudent novateur, le bienfaisant Kémal
Cherche pour le guérir un remède énergique.
Naguère il parcourait ma paisible Belgique,
Étudiant ses mœurs, consultant ses progrès,
Et son enseignement si fécond en bienfaits ;
De nos jeunes enfants visitant les écoles,
Recueillant avec soin leurs candides paroles ;
Il a pu contempler les merveilles des arts,
En nos vieilles cités s’offrant de toutes parts ;
Partout il admira la puissante industrie,
Qui rehausse ta gloire, ô ma belle patrie !
Et, non pas sans surprise, il vit la Liberté,
Compagne de mon Roi, s’asseoir à son côté ;
Car loin de nos climats la noire tyrannie,
Par le Belge irrité, honteuse fut bannie ;
Il ne porte qu’un joug, c’est celui de ses lois ;
Sourd aux cris de l’émeute, il écoute leur voix.

Ah ! va peindre au Sultan ces moissons abondantes,
Comblant du laboureur les craintives attentes,
Kémal, et ces vergers dont les fruits succulents,
D’Albion font fléchir les vaisseaux tous les ans :
Il essaîra peut-être, au soleil de l’aurore,
D’en enrichir Stamboul, de les y faire éclore.
Il croît en Occident un arbre aux rameaux verts,
Un arbre cultivé dans tout notre univers ;