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L’Arabe converti vient, au pied des autels,
Entonner avec lui des hymnes catholiques,
Et rendre leur éclat aux vieilles basiliques.
L’esclave gémissant sous des maîtres hautains,
Qui flétrissent sa vie en ces pays lointains,
A senti dans son cœur renaître l’allégresse ;
La divine Espérance a calmé sa tristesse ;
Tu viens le soulager, touchante Charité !
Et toi, besoin de l’âme, aimable Liberté,
Qui depuis si longtemps avais fui ce rivage,
Tu dérives les fers de son dur esclavage !
D’un peuple infortuné les malheurs vont finir

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Des vallons paternels l’aimable souvenir
Vient se représenter à ma triste pensée ;
Pour dissiper l’effroi de mon âme oppressée,
En ces mots j’invoquai le messager divin :
« Toi qui fus vers Sion mon guide aérien,
» Ah ! bel ange, dis-moi, dis-moi si ma Belgique,
» De l’occident en feu subit le sort tragique !
» Sur sa ruine aussi dois-je verser des pleurs ?
» Ah ! faut-il déplorer ces terribles malheurs ? »

À peine j’achevais, à mes regards tout change :
Les sables du désert, et la nue, et l’archange,
Et le rapide char qui, sur l’aile du vent,
Avec nous traversa le beau ciel du levant,
Le Thabor, Sinaï, les coteaux d’Idumée,
Josaphat, Chanaan et sa plaine embaumée,
Tout, comme une vapeur se dissipant soudain,
S’efface ainsi qu’un songe au lever du matin.

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Mais !!!… voici les beaux lieux qui jadis m’ont vu naître
Ah ! combien il m’est doux de les voir reparaître !
Un rideau d’arbres verts, là-bas, à l’horizon,
De mon bien-aimé père ombrage la maison ;
Les vents de mon pays, soufflant dans nos feuillages,