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M’apportent les parfums de nos riants bocages.
De ma douce vallée aimables habitants,
Ô vous que j’ai quittés pendant quelques instants
Pour voler en esprit vers les champs de l’aurore,
Je reviens parmi vous couler mes jours encore.

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De l’Europe partout le sol est ravagé ;
De ses vils ennemis le Seigneur s’est vengé ;
Les rois les plus puissants sur leurs trônes chancellent
Des peuples révoltés les flots de sang ruissellent !
Tandis qu’on entendait hurler autour de vous
Et l’émeute en haillons et le crime en courroux ;
Tandis que l’occident était rempli d’alarmes,
D’une tranquille paix vous savouriez les charmes :
Frères, qu’avez-vous fait pour fléchir le Seigneur ?
Pendant que mugissait la tempête en fureur,
De nos pieux Croyants la prière, sans doute,
Aura fait dévier la foudre de sa route.

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Mais elle gronde encor sous tes sombres climats,
Ô France ! tes enfants te livrent des combats !
Tu les avais nourris, ô malheureuse mère,
D’un lait d’impiété ; cette boisson amère
Les rendit furieux : sous leurs poignards sanglants,
Sans pitié, sans remords, ils déchirent tes flancs ;
Se vautrant sans pudeur dans la fange du crime,
Ils méprisent du Christ la morale sublime.

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Cet immense océan qui vient battre nos bords,
Qui pour les envahir a tenté mille efforts,
Il ne saurait, Seigneur, surmonter les limites
Qu’à ses flots irrités ta sagesse a prescrites :
Si tel est ton pouvoir, maître de l’univers,
Calme aussi la fureur de ces hommes pervers ;
Relève leurs regards vers la plaine éthérée ;
Éclaire leurs esprits, Providence adorée ;