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En versant sur leurs maux une douceur secrète !
Que j’aime ton sourire et la triste pâleur
Qu’imprime sur ton front la main de la douleur !…
Que j’aime à visiter les demeures chéries
Où tu vas promener tes mornes rêveries !
Les coteaux, les vallons et l’ombrage des bois,
Les rochers, dont l’écho connaît si bien la voix !…
Ton maintien est si doux, ton langage est si tendre ;
Tu sais au malheureux si bien te faire entendre,
Que dans la douleur même il trouve des appas ;
Lorsque chacun le fuit, tu ne le quittes pas !
Si la mort d’un ami contriste sa pensée,
Pour alléger le poids de son âme oppressée,
Tu pleures avec lui ; pour calmer ses regrets,
Tu lui fais espérer qu’il savoure la paix,
Et qu’il goûte à jamais une ineffable joie
Aux lieux où la douleur enfin lâche sa proie.

Ô muse, inspire-moi des sons doux et touchants,
Et que ta voix plaintive accompagne mes chants !

La mort vient, sous sa faulx, d’abattre une couronne,
Et le peuple, et les grands, tout ce qui m’environne
Revêt, en gémissant, le sombre habit du deuil ;
La foule vient prier au bord d’un froid cercueil.
Lyre, pour célébrer la royale victime,
Pour honorer sa tombe, il faut un chant sublime :
Mais comment redirai-je en vers harmonieux
Ses souffrances, sa mort, nos regrets douloureux ?
Esprit inspirateur, viens souffler sur ma lyre !
Viens enflammer mon cœur de ton brûlant délire !
Enlève le bandeau couvrant mon œil mortel !
Qu’il puisse contempler le séjour éternel !
Alors je chanterai l’inaltérable joie
Dans laquelle aujourd’hui notre Reine se noie.

Vers les bords sablonneux de l’océan du nord,
En face d’Albion, est un paisible port
Où le hardi marin apporte à ma Belgique