Page:Maturin - Bertram, trad. Taylor et Nodier, 1821.djvu/61

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trop de chagrins ont déjà pesé sur ta tête al- tière ; je crains plutôt que tu ne te trahisses toi-même. Tout près d’ici se trouve le château de Saint-Aldobrand, ton mortel ennemi et la cause de tous tes malheurs ; d’anciennes coutumes invitent l’Étranger jeté sur la côte à y passer quelques jours pour y goûter les douceurs du repos. Si tu n’y parois pas, les soupçons vont s’éveiller ; et si tu y parois, tout changé que tu sois, quelque éclat de ta passion viendra te déceler et combler ta ruine. Pourquoi ce trouble subit dans tes yeux ?

Bertram.

Que me demandes-tu ? Je rêvois que je me trouvois près de Saint-Aldobrand, sans que son œil pénétrant m’eût reconnu, et je sentois l’horrible joie qu’on doit éprouver à l’aspect de la vipère aux longs replis, dont on a essuyé la morsure…. la joie d’un homme qui s’étonne de son existence, en contemplant le rocher gigantesque au pied duquel un miracle