Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 3.djvu/180

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lais me faire un mérite de mon sacrifice et qu’avec la permission du supérieur j’y passerais la nuit. Mon confrère fut enchanté de trouver si facilement un remplaçant. Il me quitta et je pris les alimens qu’il m’avait apportés. J’entendais parler mes prisonniers. Je mangeais, mais je me nourrissais bien plus délicieusement de leur faim dont ils n’osaient pourtant rien dire. Ils réfléchissaient, ils délibéraient, et comme le malheur est toujours ingénieux, ils se disaient qu’il était impossible que le supérieur les eût renfermés là pour les laisser mourir de faim. À ces mots je ne pus m’empêcher de rire ; le bruit en frappa leurs oreilles et ils gardèrent un moment le silence. Pendant toute la