Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 4.djvu/25

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voyais donc devant moi qu’une détresse absolue, rendue plus affreuse par le sentiment d’humiliation que me faisait éprouver mon inutilité. En cessant d’être une victime de la persécution, mon importance diminuait à mes propres yeux. Quand les hommes nous jugent dignes d’être tourmentés, nous ne sommes jamais sans quelque considération, quoique pénible et imaginaire. Même dans les prisons de l’Inquisition, j’appartenais à quelqu’un ; j’étais gardé et surveillé ; maintenant j’étais le rebut de la terre, et je versais des larmes de dépit et de douleur, en songeant à l’immensité du désert que j’avais à traverser.

Le Juif, que de pareils sentimens ne troublaient pas, sortait tous les jours