Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/110

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éclaboussements. Alors je gueule et les menace. Ils sont deux, mais ils n’aiment pas la bagarre. Ils s’assagissent…

— Patron… rigolades !

— Mo ka pas rigolé schadap.

Trois coups de pagaie — repos — palabres. Oh patience ! Rageur, je tire et tue un crocodile vautré dans une flaque de boue. En réponse, ayant aperçu un hocco, un porteur saute à terre et le tue. C’est une pièce superbe… Après ça, ils mangent. Couac, corned beef. Il y en a pour une heure. On part. Les heures traînent, nous aussi.

La rivière s’élargit, les obstacles sont moindres. Le soleil est de plomb. Les berges sont giboyeuses à souhait mais l’après-midi étant fort avancée, nous filons sans nous en occuper.

Deux aras posés sur un arbre mort, rouge sang, se découpent sur le bleu du ciel, chromo étincelant dans la crudité de la lumière.

Un arbre barre la rivière. On débarque, on taille quelques broussailles, on tire la pirogue sur la terre vaseuse, la pirogue glisse non sans mal.

Je remarque l’orientation de la rivière. Obéissant à des lois immuables, nous tournons à gauche si les rochers sont sur la rive droite et à droite s’ils sont sur la rive gauche. La rivière encaissée entre les collines de faible altitude a érodé dans le sens du courant la base de ces collines et, n’ayant pu traverser la masse, a opéré une retraite du côté opposé à la résistance. De ce fait, il est facile de prévoir de fort loin si l’on va tourner à droite ou à gauche.

Livré à mes observations sur les sinuosités des berges, j’aperçois un long trait rouge et brillant qui glisse