Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/119

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culté, mais à Benzdorf il y a un poste de douane aux peintures vertes et blanches et les douaniers ont de superbes uniformes. À côté, il y a le magasin de la compagnie regorgeant de produits excellents et tout naturellement les Français viennent y faire leurs achats… seulement, on paie en florins, aussi le florin étant maître sur le Maroni, on le vend au marché noir et à deux cents francs.

L’or, le florin, sont les seules monnaies usitées. Le franc est accepté avec répugnance et en échange de ce que veut bien vous vendre le commerçant.

— Ca mauché, à moi. Ka pas vendre…

Vous restez avec votre malheureux billet, tout honteux ; un billet qui ne sert pas à grand chose !

Ces derniers temps, les commerçants allaient jusqu’à refuser la monnaie nationale. Il fallut une ordonnance préfectorale spéciale pour contraindre ceux-ci à l’accepter. Mais que peut-on contre le mauvais vouloir des commerçants ?

Les prix sont évidemment exorbitants et les marchandises manquent car les Boschs sont à l’abattis et ne naviguent plus depuis trois mois.

Sans les Boschs, les pirogues de ravitaillement sont arrêtées ; sans les Boschs, pas de transport, aucun créole ne se hasardant à naviguer sur le Maroni : le commerce est donc tributaire des rois de la rivière… et les commerçants attendront le bon vouloir de ceux-ci jusqu’à la fin du mois de novembre.

On peut dire que sans les Boschs, les Saramacas et les Bonis, l’intérieur Guyanais serait un No mans’land, les quelques villages le peuplant disparaîtraient.