Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/131

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Las ! au premier coude de la rivière, le moteur hoquète, crachotte… et c’est à la pagaie que nous revenons tous à Grigel. Nouveau contre-temps et la panne s’annonce sérieuse. Impossible d’attendre, je suis trop énervé.

Je calfate à nouveau la vieille barcasse, installe mes bagages — photos avec le gendarme et le douanier et, en route ! J’ai le cœur un peu gros puis, très vite, je suis absorbé par la conduite de mon embarcation qui est assez lourde et peu maniable. Elle est construite pour quatre personnes au moins et, moi, seul, connaissant à peine quelques rudiments de navigation, je suis bien embarrassé. Il y a trois jours, à Maripasoula, j’ai fait mes premières armes, à la grande joie des nègres. Je tournais en rond sans parvenir, malgré mes efforts, à démarrer. Marcher à la pagaie bosch est un art. J’ai mis quelques heures à saisir le coup de main et enfin, maintenant c’est passable. — Nouvel incident — Au premier rapide, ma pagaie, battant une roche, se brise net.

Étant à quelques minutes du village, je me laisse porter par le courant, dirigeant, avec le tronçon de pagaie et, arrivé là, ayant trouvé par bonheur un bois s’y prêtant bien, j’entreprends la fabrication d’une pagaie, au sabre, au rabot et au couteau.

C’est long, pénible et délicat. Je travaille avec ardeur sous un soleil de plomb et, en quelques heures, je suis maître d’une grosse pagaie grossièrement taillée, lourde, mais surtout solide et c’est le principal. En route… et cette fois, je pense que ce départ est le bon.

Le rapide, trop fort pour mes capacités, est franchi non sans mal à la cordelle. J’apprends à mes dépens