Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/141

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— Alors, je vais laisser ici toutes mes économies ? j’ai passé ma jeunesse ici à travailler… maintenant je veux aller chez moi : pas moyen ! Mais sans nous, les Anglais, que serait la Guyane ? Qui travaille au chantier ? Les Guyanais eux, sont gendarmes ou douaniers. Ils ne font rien pour leur pays !!!

Je m’installe sous le carbet des Boschs, me livrant ainsi à leur curiosité alors que j’aspire au repos. Mes mains à vif ont du mal à tenir un crayon. Je graisse la carabine, astique le sabre ; il pleut ! Ce soir je suis invité par les Boochs à manger du lézard d’eau et du riz.

Un grand plat au milieu de nous tous. Chacun, une cuillère à la main, y puise sans restrictions.

À la flamme du feu allumé tout à côté, j’aime ainsi partager la vie des primitifs. C’est pour cela que j’ai entrepris ce voyage, pour la partager pleinement, sans être encombré de gens critiques.

Mais il est tellement dur de voyager ainsi seul. J’avais tout imaginé pour ce raid hors la chute du moral : j’avais une confiance exagérée en moi, je me croyais plus fort !

C’est dur, je m’en aperçois maintenant, mais je dois tenir et je sais que je tiendrai. C’est cette longue route que j’ai choisie pour joindre les Tumuc Humac qui est pénible… Mais je n’avais pas d’autre moyen.

Après celui-ci, plus un village sur ma route ; en fait de halte, la forêt… Pas un Indien, rien, la forêt et la rivière interminable avec ces rapides, ces haltes pour écoper, calfater, haler. On a, l’impression de piétiner et je crois que mon cafard est aussi de l’impatience maladive… La hâte d’arriver aux Tumuc Humac.