Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/152

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ler l’aîmara. S’il y en a un, il ne se fait pas prier à peine le dernier coup donné la ligne commence à filer sans secousses ; on laisse aller, on plonge le bois pour mieux donner du mou puis, à deux mains, on s’y cramponne et on ferre.

Il faut avoir le pied marin car sinon la pirogue a de fortes chances de basculer et pour retirer l’aîmara il faut de bons biceps ; il se défend avec force, aspergeant le pêcheur d’eau, faisant un bruit épouvantable. Là, on doit tenir là corde supportant le poisson d’un main, à bonne hauteur et, de l’autre, saisir un gourdin de bois dur et attendre que le poisson présente le dessus du crâne. — Deux ou trois coups bien appliqués, quelques contorsions encore — Il est bon de retirer l’hameçon avec prudence car les dents de l’aîmara sont de jolis petits stylets qui arrachent ce qu’elles étreignent ; c’est pour cette raison qu’il n’est pas recommandé de laisser traîner pieds ou mains et encore moins de se baigner dans les hautes criques. Et lorsqu’on doit haler un canot, ce n’est pas sans une légitime appréhension.

Sur la gauche « Gros Saut » présente un déversoir profond au fond tapissé de sable fin. Les Boschs y ont mis leur pirogue et nous y prenons nos bains, fréquents par ce temps orageux.

Tout à l’heure, Midaî, le jeune Bosch, se préparait à calfater son embarcation et, de l’eau jusqu’au ventre retirait les objets s’y trouvant encore. Soudain, il fit un bond en arrière et m’appela : « Gadez là ! »

Je ne vis rien, sinon deux roches jaunâtres et arrondies, piquées de points noirs, un peu à l’écart d’autres roches jaunâtres et arrondies piquées de grains noirs et de touffes de mousera fluviatis.

Midaî rit de voir que je ne voyais pas.