Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/155

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je me suis évertué à tirer 5 balles sur un iguane, la dernière ayant touché la tête étant la bonne, les quatre autres ayant traversé les flancs de part en part sans que le lézard daigne se remuer. Et puis, il y a aussi les bois utiles, les graines et les fruits, les cris d’oiseaux et de bêtes. J’apprends à siffler l’appel du macaque, celui de sa femelle. Je suis fatigué mais en pleine forme. J’ai repris le moral des beaux jours ; il y aura des chutes certainement, mais le bon moral reviendra sans cesse et si je n’en étais pas sûr et bien, j’aurais renoncé.

Allons garçon, supporte les mauvais moments dans l’attente des bons. Tout passe. Tu vis là la plus belle aventure de ta vie, celle que tu pourras raconter à tes petits enfants, si un jour tu en as, en guise de conte de fée. Marche pieds nus, vêtu du simple calimbé, tanne ta peau au chaud soleil, durcis tes mains, tes pieds, allume ta pipe à la braise. Empiffre-toi quand tu le peux. Couche toi quand tu as faim et tâche de dormir. Écoute le cri du crapaud buffle, ·l’appel des singes rouges ; songe que tu es en brousse et que tu cours les bois pour vivre librement et t’instruire encore.

C’est le soir. Les canots sont amenés tout contre une plagette cernée de troncs couchés. Andelma, la femme, sort la vaisselle déposée dans une ·large battée de bois, sculptée. Plats et calebasses sont lavés au sable soigneusement cependant que Adimin, le patron, gnome édenté à la tunique rouge, souriant et vieux garçon, coupe le bois mort et allume un grand feu. Comini, le mari, et Midaï, son père, sont partis couper les jeunes arbres qui, ébranchés, feront des piquets solides pour, réunis par des lianes, former le bâti du carbet rudimentaire qui sera recouvert de feuilles de Palou ou bananier sauvage ou