Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/156

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de palmes de caumou et, s’il n’y en a pas, de l’épineux Bachichirnaca.

Le poisson séché est mis sur un boucan alimenté de braises, car les nuits humides menacent de le pourrir.

Les carbets montés, le feu flambe, la marmite noire bout, le camp a l’allure d’un petit village. Camisi aiguise avec une lime son sabre édenté des coupes de la journée. Andelma goûte le poisson bouilli et prépare le piment qui l’assaisonnera. Adimin tresse une corde. Il a passé la natte de chanvre entre ses doigts de pieds et, à deux mains, il tresse, roulant la corde se formant sur sa cuisse étendue et la passant ensuite au « Mani » pour la rendre souple et résistante. Midaï forge une pointe de flèche, la sienne s’étant brisée en voulant tirer un aymara qui dormait dans un saut. Dans mon hamac, je repose. Tout est tranquille, Boby tourne autour du boucan avec les chiens des Boschs ; Nègre, nerveux, noir comme du charbon, dansant sur ses pattes fines, Toti, bâtard aux longues oreilles, aux pattes énormes et au ventre gonflé, pleurard et déjà méchant, le chouchou de Andelma, la bête noire de nous tous.

— Cognon (manger).

— Mi é goué (j’y vais).

Nous sommes assis en rond autour de deux plats, l’un de couac, l’autre de poisson. Chacun a sa cuillère en main. — Les Bosohs sur de petits bancs aux dessins géométrique qu’ils traînent partout avec eux, moi sur un rondin. Et on y va de bon cœur. Chacun creuse son tas, marquant un temps entre chaque cuillerée, l’une de poisson, l’autre de couac, la troisième de sauce. Parfois, l’un de nous trouve un bon morceau : le foie, les œufs, les eux, la cervelle. Il en mord délicatement un morceau, offrant l’autre à son voisin immédiat du bout de sa cuil-