Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

kaki et puis les Boschs transis en rond autour du feu, parfois, ça me fait drôle. J’essaie de me raccrocher au rêve… Mais déjà, les Boschs roulent le hamac, la cime des arbres rosit, allons, en route !

Dimanche 27 Novembre.

La rivière est de plus en plus encombrée ; nous arrivons à un « Tourca » et prenons la crique rive Sud — Les Boschs arrêtent aussitôt. Dans les broussailles qui encombrent la petite crique ils ont vu un nid de guêpes. Il faut y aller tout de même. On fonce ; évidemment on paie son tribut de passage. Ça brûle atrocement et du coup, j’ai perdu ma pagaie. Fort heureusement, j’en avais une autre obtenue à Vitallo en échange d’un pantalon de cheval. La crique me déconcerte ; les eaux sont tellement basses qu’il faut traîner la pirogue sur le sable du fond. On voit à peine, de ci, de là, quelques coupes pratiquée dans les bois tombés, par les devanciers.

L’avance est pénible, exaspérante ; lianes et arbustes en paquets serrés ébrèchent les sabres. Les arbres immergés nous freinent, ce ne sont que marécages sur marécages.

Un « Anaconda » gigantesque nous glace. On voit longtemps sa queue se glisser dans une vieille souche creuse, puis disparaître. Il faisait bien douze mètres. La croûte stagnante de détritus retenus par les racines ondule encore de son passage et se reforme à peine.

Puis la crique semble s’élargir, c’est le bois qui l’écrase et l’on s’y sent mieux à l’aise que dans les marécages qu’un œil non averti pourrait prendre d’ailleurs pour d’agrestes prairies ou abatis d’ancien village.