Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/159

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Midaï escalade une série de troncs énormes, à la recherche d’un passage. Soudain il s’arrête, appelle les autres et les voilà penchés sur le sable de la berge, discutant avec un sérieux inhabituel. Intrigué évidemment, je les rejoins.

— Gadez là !

Je regarde sur le sable l’empreinte de pieds humains, de pieds nus ! Deux paires : l’une large, longue, d’adulte, l’autre minuscule d’enfant de sept à huit ans. Je reste interdit. Aucun doute n’est possible, les traces sont toutes récentes. L’eau s’infiltrant dans le sable commence à peine à les remplir. Ça qua être indiens sauvages, dit Adimin. Li ka chassé par là. Entendu bruit, coupé bois, traversé rivière et parti forêt !

Instinctivement nous regardons le bois. Les Boschs hésitent un peu avant de continuer.

Joie chez moi ! Attente anxieuse de l’évènement imprévu auquel je rêve si souvent et qui confirmerait ma thèse de la présence, en Guyane française, d’indiens réfractaires aux blancs et ·vivant ignorés et solitaires dans les grands bois du centre de la Guyane. Nous reprenons la rivière qui s’élargit sensiblement. Découvrons sur rive Sud emplacement vieux village du temps du Balata. À cette époque, l’Ouaqui était très fréquentée, jalonnée de villages prospères. Aujourd’hui c’est désert et rien n’est plus triste que de constater cet abandon.

Je tire un iguane et un Nélo, gros échassier au long cou emmanché d’un long bec fort joli et comestible quoique un peu coriace.

Nous avons couvert aujourd’hui deux à trois kilomètres. Seul, j’en aurais fait à peine la moitié !