Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/160

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La pêche ne rend pas, les eaux sont trop claires et trop basses ; par contre, on voit du gibier. Des pakiras, par exemple, des « hoccos » ; on entend au loin quelque troupe de « Pecaris » et, sur tous les arbres, des « Iguanes » parfois monstreux.

À couper une grosse liane, je sens une forte odeur d’ail. Les Boschs la coupent sur une bonne longueur et la mettent de côté. C’est la liane « Ayuntoti » qui, mise à macérer trois jours, procure un bain tonique.

Le moral est bon — légère fatigue — douleurs à l’estomac, provenant sans doute de la nourriture essentiellement composée de couac, de l’aigre jingi et de poisson fumé fortement pimenté.

J’ai eu du mal à m’habituer au jingi. Ce sont des boulettes de manioc pétries longuement avec les doigts et mises dans l’eau bouillante. Ça donne des grumeaux gélatineux d’une aigreur assez prononcée qu’il faut du courage pour ingurgiter.

Les Boschs ont cru voir des ombres dans les taillis, cette histoire de pieds sur le sable les laissant mal à l’aise.

Moi je n’ai rien vu, mais quoi qu’il en soit, il est certain qu’une mission avec des canots à moteur et un personnel nombreux pénétrant en territoire à peu près inconnu fait le vide sur son passage — tant animaux qu’humains qui pourraient s’y trouver.

La véritable exploration est un travail d’ethnographie autant que de géographie mais elle doit être réalisée avec des moyens lui permettant de pénétrer l’intimité du pays sans la choquer. Contacts intimes avec la nature et les naturels mis en confiance. Observations plus faciles aussi, les indigènes se sentant plus à l’aise et ignorant la présence des intrus.