Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/163

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photographiques seront périmées en août 1950. Et puis, l’appareil, quoique dorloté comme l’objet le plus précieux de mes bagages, a du mal à tenir le coup. Je sens ses rouages réticents et les films gonflés se bloquent plus d’une fois. Au prochain voyage, j’emporterai deux appareils, ce sera plus sûr. Les photos couleurs, inutilisables !

elles se bloquent définitivement à la troisième vue — De toutes manières, périmées en avril 1950. Enfin, je pense que tout va bien question photo. Le reste, ma foi, on le fera aller. J’emporte un kilog de sel en fait de vivres ; c’est suffisant. Avec trente kilogs de bagages, je ne puis me permettre de trimballer riz, couac ou café. Trente kilogs, ça pèse un peu plus en forêt et je pense que ce ne sera pas du plaisir.

J’écris, de m, anière décousue, ce qui nie passe par la tête. C’est ainsi tous les soirs, comme une discipline que je m’imposerais de causer avec quelqu’un. Ça me délasse… pourtant, parfois ma fatigue est telle que je voudrais dormir.

Près du feu Boby se gratte avec fureur… C’est une habitude chez lui ! Puis il baille et tourne en rond, cherchant sa place dans les cendres chaudes. Il n’aime guère la rivière, baignant à longueur de journée dans l’eau qu’embarque la pirogue.

Derrière moi les lianes dessinent des arabesques au-dessus du plan d’eau de la rivière qu’elles surplombent. Ma tête est vide… c’est bien ainsi !

Bientôt vingt-quatre ans, et je n’ai pas connu ce que l’on appelle « l’inconsciente jeunesse ». Je me suis toujours créé d’étranges motifs de soucis.

Je voudrais bien, au retour, m’accorder quelques mois de détente véritable. Je pense à la détente et déjà à un autre départ, à de nouveaux paysages. Je voudrais voir